The Potential Hazards of Hester Day

Published by Simon & Schuster 2008


An outtake:

"My dad was an architect, and my mother was one of those women who ran around in inoffensive, cream-colored suits and hats, going to barbecues and charity gatherings. Hannah, my older sister, was preparing to study psychology.

It was rumored in the neighborhood that we were a wonderful specimen of suburban life. Other families used to look over at us while sprinkling their lawns, and you could see in their eyes that they labeled us as healthy and in-tact. I never understood what gave them that impression, because you could have randomly pointed at any white trash family and they would have been more civilized than us.

Sometimes my mother got it into her head that she was proud of her youngest daughter and she’d take me along to weddings, funerals, family reunions, Easter egg hunts or breast cancer fundraisers. But by the end of the day, she would usually realize that she wasn’t all that proud of me after all. With time all such efforts were abandoned, leaving me quietly to lead the existence of a young mushroom in my room.

By the time I was fourteen I was completely disrelated to humanity. I wasn’t particularly absentminded or ignorant – au contraire, I had studied many subjects extensively (so extensively, in fact, that it in turn became completely pointless) – I had made thorough use of the public library and had developed a very intimate relationship with classic literature. But I was a stone age creature in modern society. I didn’t know what to say or when to say it, how to greet, how to take my leave of a crowded dinner table, what to expect, or when to expect it, when to laugh or when to frown condescendingly. But it was more than just a matter of etiquette – I wasn’t familiar with the human race and their emotions, their ideals, their concepts. I was so left alone by my species that I really didn’t have a clue as to what they were all about. I didn’t know what I was supposed to consider a good thing and what I should consider less good. My actions were blunt and often too fast. My solutions were momentous and extreme.

I didn’t like my family all that much, just like they didn’t like me all that much. I want to say that I hated my family, but that would be a lie. Fact is, I didn’t hate anyone until I was about nineteen and had a conversation with the sales representative of a phone company."

 

La Ballade d'Hester Day
(The Potential Hazards of Hester Day) - French Version

Published by Le Belle Colere 2015


Translation by Francesca Serra

La bibliothèque se dressait, chagrine, dans la chaleur de midi, telle une cause perdue. Les seules personnes qui semblaient en profiter étaient une poignée de représentants du troisième âge et l'intégralité des clochards de la ville qui venaient traîner chaque jour sur Internet ou se prélasser en lisant des magazines. Il y avait parfois un étudiant venu faire une recherche sur la Tea-party de Boston ou quelque autre événement tout aussi barbant de l’histoire américaine.

A l’intérieur, la température descendait presque en dessous de zéro. Il y avait des motifs moches sur la moquette, quelques tables et chaises qui semblaient avoir été empruntées à une prison, des rangées d’étagères en métal se dressant du sol au plafond et qui s’étendaient en longueur jusqu’au mur. C’était la section "fiction".

La section "non-fiction" se situait au second étage : on y trouvait les ordinateurs, les biographies, la poésie, les disques et les magazines. Tous les gens qui se rendaient au deuxième étaient passionnés par des sujets très pointus ou, à l’extrême inverse, abusaient de la bibliothèque pour consulter leurs mails et lire des magazines. Je me demandais souvent à quel catégorie j’appartenais, mais je ne pus jamais trancher. Quand je me dirigeais vers les rayons qui contenaient des informations sérieuses, c’était généralement pour rechercher des trucs si bizarres et si détaillés qu'on ne pouvait décemment les qualifier de sérieux. Et quand je me faufilais pour feuilleter des magazines colorés, je n'étais pas assez captivée par la lecture pour que mon activité puisse être considérée comme intensément superficielle. Visiblement, la question de la profondeur est relative.

J’appelai l’ascenseur et reculai d'un pas. Derrière moi, se tenait Philosophie-Man. C’est ainsi que j’avais fini par le surnommer. Il passait toujours des heures au deuxième étage à essayer de trouver sa voie entre les théories philosophiques et l’art poétique, ou un truc du genre. Je lui avais posé la question une fois mais il m’avait larguée avant d’arriver à la troisième phrase.

 - J’ai déjà appuyé, dit-il en désignant le bouton d’ascenseur.

- Cool.

- Ce que je dis, c’est que je ne pense pas qu’il soit nécessaire d’appuyer deux fois.

- Bah, je ne savais pas.

- En fait, me voir ici, en train d’attendre l’ascenseur, aurait du te permettre de déduire que j’avais déjà appuyé sur le bouton. Ce n’est pas comme si les gens restaient debout devant les ascenseurs juste pour le plaisir.